lundi 12 mars 2012

CONSOMMER A EN MOURIR

 CONSOMMER A EN MOURIR (16 décembre 2010)


Le refrain est connu, mais il n'est jamais mauvais de se le faire répéter: l'avènement de la consommation de masse a profondément transformé le rapport de l'humain aux objets, aux désirs, aux autres, à l'envie, à l'environnement... Moins libre, plus individualiste, plus angoissé et surtout destructeur aveugle de ressources naturelles, le consommateur... est passé en près de 50 ans de l'état de moteur d'une économie en mutation à celui de tare inquiétante dans un système dont la redéfinition serait aujourd'hui inévitable.

 C'est en tout cas la thèse soutenue par Consommer à en mourir, documentaire percutant et efficace de Gene Brockhoff, qui en 50 minutes dresse un portrait sans concession de la crise de la consommation aux États-Unis en disséquant avec méthode, depuis la révolution industrielle, la mécanique culturelle, sociale, économique et surtout publicitaire qui a fait muter lentement et dangereusement les aspirations matérialistes de millions d'humains sur la planète en cauchemar pour tous.


 Des fondements de l'American way of life, dans les années 1950 et 1960, à la consolidation de la propagande commerciale, dans les années 70, en passant par la vie de banlieue et le syndrome du voisin gonflable, la balade dans les méandres de nos travers et paradoxes humains est plus que fascinante avec ses assemblages de messages publicitaires d'époque, ses rencontres avec des penseurs de la modernité et ses petites vox populi où les citoyens-consommateurs prennent conscience, au milieu d'un centre commercial, de la futilité de leurs désirs.

Il y est question de pollution, d'exploitation mondialisante, de l'affaissement des valeurs morales induit par le goût de la propriété, d'irrationnel, mais aussi des centaines de produits qu'un ménage moyen américain possède et dont la nomenclature, débitée en guise d'introduction de ce documentaire, est étourdissante. Il y a aussi des révélations troublantes: actuellement, les humains ont besoin de 1,2 Terre pour répondre à leurs besoins de consommation. Si la planète entière se mettait à vivre et à consommer comme les Américains, dit Brockhoff, c'est de cinq Terre dont on aurait collectivement besoin. Et bien sûr, toutes ces révélations nous laissent perplexes...



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